Etape 3: La remobilisation

Les femmes confrontées aux violences conjugales ont perdu confiance en elles-mêmes et dans le monde qui les entoure. Elles ont perdu leurs repères et sont très souvent isolées. S’évaluer sur un CV et se vendre lors d’un entretien peut sembler insurmontable. Ainsi, avant de développer un projet professionnel, ces femmes ont besoin de retrouver leur estime de soi et leur confiance dans les autres.

Le projet ACTIV vise à donner des outils aux acteur.rice.s de terrain et aux entreprises pour qu’iels puissent écouter les femmes, accepter leurs paroles et surtout les croire. Plus tard, lorsque les femmes seront prêtes, les acteur.rice.s pourront réfléchir à un accompagnement et à la construction de lieux où elles pourront échanger entre elles et acquérir de nouvelles compétences. Les acteur.rice.s de terrain et les entreprises peuvent favoriser la remobilisation en organisant des ateliers d’autonomisation. Par exemple, en leur donnant les moyens d’exprimer leur opinion, en leur apprenant à gérer un budget, à pratiquer des activités d’autodéfense, etc.

Objectifs

L’autonomisation (ou empowerment) et la remobilisation sont des étapes très importantes dans la (ré)intégration socioprofessionnelle des femmes victimes de violences conjugales. En effet, il s’agit d’un processus de transformation qui se traduira par une meilleure estime de soi ; les femmes apprendront de nouvelles choses et acquerront de nouvelles compétences qui les aideront à rompre l’isolement social, professionnel et familial et leur donneront les outils pour faire partie d’un groupe, de la communauté, pour réapprendre à vivre au quotidien et pour envisager un avenir dans lequel elles pourront s’assurer une stabilité financière.

L’autonomisation et la remobilisation s’effectuent de deux manières : tout d’abord par la participation à des séances de conseil psychologique, mais aussi par des séances de coaching de groupe où les femmes développent des compétences de vie autonome.

Dans les sessions de coaching de groupe, les femmes sont encouragées à exprimer leurs opinions, à déterminer leurs propres choix et leur droit d’influencer le changement social pour elles-mêmes et pour les autres. Elles finiront par prendre conscience de leur valeur personnelle et comprendront qu’elles peuvent accomplir plus qu’elles ne le pensent.

Différents sujets peuvent être abordés pour développer les compétences de vie autonome. Veuillez noter que ces activités ne remplacent pas le conseil dont elles ont besoin pour traiter les problèmes plus profonds liés aux violences qu’elles ont subies. Les principaux sujets abordés sont les suivants :

Les prestations et les aides pour les personnes en difficulté, spécifiques à chaque pays ;

  • La gestion de son propre budget ;
  • Santé et nutrition ;
  • Aide à la parentalité ;
  • Éducation sexuelle ;
  • Prévenir les violences ;
  • Valeurs, citoyenneté et espace public ;
  • Questions de mobilité.

Challenges pour les acteur.rice.s de terrain impliqué.e.s

Les femmes qui souhaitent s’inscrire au programme – séances de coaching en groupe – doivent avoir la volonté et la capacité de travailler en groupe. Elles doivent se sentir prêtes – psychologiquement mais aussi en termes de disponibilité – à s’engager dans un processus pour une période de temps relativement longue. Pour cette raison, l’acteur.rice de terrain doit disposer d’une case à cocher ou d’une grille de sélection pour évaluer les priorités et les motivations.

En fonction du financement de ces activités, le nombre de femmes acceptées dans le groupe doit être limité. Par conséquent, le processus de sélection doit aboutir à un groupe équilibré de femmes qui seront en mesure de mener à bien le programme.
Le programme vise à répondre aux besoins des femmes. Par conséquent, bien que le contenu soit prédéfini, il doit être suffisamment souple pour s’adapter au groupe.

La durée du programme doit également être adaptée à la réalité des femmes. Elle doit être suffisamment longue pour permettre à chaque participante de se développer à son propre rythme.

Enfin, pour réussir, les femmes doivent assister au programme jusqu’à la fin et participer à toutes les activités proposées. Le défi pour les acteur.rice.s de terrain est de motiver et de convaincre les femmes de rester jusqu’à la fin.

Je vais vous parler d’une situation que je connais bien, par exemple, une femme jeune de 25 ans son conjoint l’a forcée à démissionner. Elle était responsable vendeuse en boulangerie, du coup elle s’est retrouvée chez nous parce qu’il y a eu beaucoup beaucoup de violences. Elle a mis presque un an et demi à s’en sortir et aujourd’hui, elle est prête à reprendre. Malgré le fait qu’elle soit très insérée, qu’elle avait toutes les capacités pour le faire, elle a quand même dû faire une pause d’un an et demi pour se reconstruire et retrouver confiance en elle. Ce sont des parcours qui sont très longs dans la réinsertion.

Une assistante sociale

Ressources pour les acteur.rice.s de terrain impliqué.e.s

Comment aider à l'autonomisation d'une femme confrontée aux violences conjugales ?

Cet outil permet de définir le concept d’autonomisation. Il a pour but d’aider les personnes travaillant sur le terrain à appliquer ce concept à l’accompagnement des femmes victimes de violences.

Disponible ici.

Challenges pour les entreprises

Pour aider les entreprises à développer davantage d’actions en faveur des femmes confrontées aux violences conjugales, il peut être nécessaire de créer un vaste mouvement, de communiquer largement et en externe sur les actions qu’elles mettent en œuvre afin d’encourager d’autres entreprises à s’impliquer. Faire partie d’un réseau peut aider les entreprises à collaborer entre elles, à partager les bonnes pratiques, etc. Deux types d’employeur.se.s seront abordé.e.s ici :

  • Les entreprises qui sont déjà sensibilisées à la question et qui souhaitent aller plus loin dans leur engagement ;
  • Les entreprises qui n’ont pas d’outils à leur disposition et qui souhaitent s’engager auprès de leurs salarié.e.s ;

L’objectif est d’établir avec elles un plan d’action et de leur expliquer comment elles peuvent faire la différence en soutenant leurs employées.

l est important de définir un plan d’action avec l’entreprise pour expliquer les premières mesures à prendre. Pour ce faire, l’entreprise peut se tourner vers un acteur spécialisé – réseau OneInThreeWomen, réseau CEASE – ou vers d’autres pairs – partage de bonnes pratiques. Différents types d’actions peuvent être initiés :

  • La formation du personnel stratégique : assistant.e social.e, manageur.se, RH, représentant.e du personnel, etc. ;
  • La mise en place de mesures particulières : flexibilité géographique, horaires aménagés, aides financières, aides au logement, etc. ;
  • Collaborer avec d’autres acteurs : syndicats et représentant.e.s du personnel – prise en compte des violences conjugales dans les accords d’entreprise – et partenariats avec des associations ;
  • Proposer des formations – pour l’ensemble du personnel – ou des aides financières, etc.

Il pourrait également être pertinent de définir une personne de confiance au sein de l’entreprise qui servira de lien entre la femme et l’organisation/la direction de l’entreprise. Cette personne doit avoir les compétences suivantes :

  • Être tolérante ;
  • Avoir une bonne capacité d’écoute ;
  • Faire preuve d’empathie et de bienveillance ;
  • Faire preuve de souplesse ;
  • Respecter l’anonymat s’il est demandé et gérer la confidentialité ;
  • Veillez à la protection des femmes.
En plus, il est important d'offrir un soutien pratique et psychologique au personnel qui est en contact direct avec les femmes confrontées aux violences conjugales, et qui peut donc être en danger de souffrir indirectement ou directement de cette violence, par exemple l'absentéisme causant un stress supplémentaire pour les collègues et les responsables hiérarchiques, ou bien le danger qu'un auteur de violence se présente sur le lieu de travail avec un comportement agressif.

Un femme confrontee aux violences conjugales

Il ne s'agit pas seulement de théâtre, mais d'une expérience transformatrice. L'une des clés du modèle est le tandem formé par l'artiste qui dirige le processus créatif et la travailleuse sociale qui accompagne le processus d'autonomisation. Nous avons toutes deux un rôle complémentaire et essentiel pour aider à créer un espace sûr dans lequel les participantes peuvent s'exprimer librement, et construire un engagement avec le groupe qui se matérialise dans la mise en scène

L’integratrice sociale du projet, Gabriela Ripari (Issu d’un Communique de presse)

Ressources pour les entreprises

Comment mettre en oeuvre un plan d’action ?

Ce guide peut permettre aux employeur.se.s et les entreprises à :

  • Lever le tabou des violences conjugales sur le lieu de travail ;
  • ccueillir les femmes qui confrontées aux violences conjugales ;
  • Développer de bonnes pratiques pour répondre, à votre niveau, à cette question de société.

Disponible ici.

Quelles sont les compétences et les connaissances que doit posséder la personne de confiance dans une entreprise ?

La personne de confiance ou la personne ressource écoute et conseille les travailleur.se.s sur le bien-être au travail et la prévention des risques psychosociaux. Pour en savoir plus sur leurs compétences, consultez cette brochure.

Disponible ici.